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Recueil La faille sans cri - Extraits


Promis, je ne le répèterai pas (ou le fiel débridé)

Les bouches hurlantes,
Les lèvres mesquines,
En vent de folie
Prennent la ville en otage.

La souffrance égarée
De ces gouffres édentés
Râle,
Et se tortille,
A la recherche d’une cime
D’où déverser sa verte bile.

Babel, triomphante,
Se dresse de ses ruines,
Et du haut de ses langues
Rend le Verbe muet.

Innocents emmêlés
A la bouche pulpeuse
Débordant de vie,
La tête ballottée
Et le vif ennui,

Tirent sur la toile.



La langue

Dans le gouffre de la bouche
Sensuelle chair, pulpe juteuse,
Palpite, voluptueuse,
Une amante sur sa couche.



Les “détenteurs de l’information”

La langue, empêtrée de “savoir”,
Se glisse le long de sa gangue
Telle une anguille sèche,
Se plie, et se multiplie au son de la lèpre.

Gourd et râpeux, le phénomène blême
Se tord en lézard et gonfle, tuméfié,
Puis se laisse tomber - lourd - et plat,
Vide de mots, exsangue de ton.

La bouche happe le vide,
Poisson hors de l’eau,
Et la grimace asphyxiée
Donne un cri sans son.



Sacre

Volupté des parfums
Dans la clarté nacrée du matin,

Fraîches senteurs au magique passé,
Tourbillon d’aurore scintillant de rosée,

Le Faune éveillé à l’ivresse s’étire.



Terre noire

Creuser cette terre
De mes ongles impatients,

La sentir sous mes doigts,

Délivrer son parfum
Sous la lune sans ombre ....



Trait de ciel

Si j’étais un peintre
Je ferais parler les couleurs
Comme autant de lumières

Murmurant dans le vent
Mêlant leurs pigments

Et laissant cette odeur
Si particulière
Du bois noir, après la pluie

Lorsqu’au cœur d’une forêt
L’orage est reparti.

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