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HISTOIRE
L'histoire du cinéma - Max Linder

Extraits


Cet article (sur 4 pages) est paru dans le magazine Comment ça Marche n°29 de
novembre 2012.

Quel était donc ce personnage qui inspira Charlie Chaplin, Buster Keaton ou encore
Harlold Lloyd ?


Le premier génie comique du cinéma

16 décembre 1883, naissance de Max Leuvielle à Saint Loubès, au bord de la Dordogne, de parents viticulteurs. Cet enfant allait faire date. Sa vie incroyablement riche et trépidante sera du même tissu que celui de son enfance, où il préfère courir ci et là dans le village et regarder les paquebots passer sur la rivière plutôt que d’user ses culottes courtes sur les bancs d’école.

Las de le savoir à l’école buissonnière, ses parents envoient Max adolescent en pension au lycée de Talence. A défaut de montrer le potentiel d’un futur prix Nobel de Physique, il y devient champion international d’escrime ; amoureux du théâtre, il monte parallèlement une troupe dont les représentations connaissent un certain succès. Le jeune homme bouillonnant ne veut pas s’arrêter en si bon chemin. Il réussit à persuader ses parents de l’inscrire au conservatoire de Bordeaux.

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La chance va tourner : on lui propose un jour de tourner un petit film chez Pathé Frères. Il accepte et cela donnera « Les débuts d’un patineur ». Le succès est immédiat ; Max jubile. A 25 ans, il propose aux frères Pathé d’être l’auteur, le réalisateur et l’acteur de ses films. Les frères acceptent, à la condition qu’il tourne un film par jour. Max jouait déjà au théâtre tous les soirs à l’époque ; il va enchaîner les saynètes filmées à un rythme hallucinant. Il se sert la plupart du temps de décors naturels, mime devant les acteurs leurs personnages respectifs, tout le monde a droit à une répétition unique et la fois suivante, la séquence entre dans la boite à images.

Ses films connaissent un succès grandissant au fur et à mesure que le public découvre le talent comique de ce Girondin. Charles Pathé finit par vendre les films de Linder dans le monde entier : Russie, Australie, Hong Kong et tous les pays d’Europe. Linder doit son succès à un jeu naturel - qui se démarque de la gestuelle grandiloquente des films de l’époque - et à son imagination débordante et ses constantes improvisations, qui donnent les gags les plus saugrenus.


Le comique dandy est né

Durant la période 1911-1914, Max Linder va créer un nombre incroyable de personnages comiques, dont le fameux ‘Max’ avec lequel il fera une centaine de films. Le Max de ses tournages est riche, élégant, raffiné, amateur de belles femmes et de luxe. Il finit par adopter une tenue qui plantera définitivement son personnage de dandy : fine moustache, chapeau haut de forme, canne à pommeau et gants beurre frais. C’est ce dandysme qui donnera une touche moderne à son jeu. D’ailleurs ce dernier va changer, s’affiner : Max délaisse peu à peu les gros gags (tartes à la crème, tenue vestimentaire grotesque) pour laisser immerger un comique dont il possède en exclusif la marque de fabrication. Dès 1912, il abandonne le concept du film tourné autour d’un seul gag, au profit d’une succession de gags qui font avancer l’histoire. De saynètes, il passe alors à de véritables courts métrages.

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En France, son succès est considérable. Le 21 mars 1919, il réussit enfin à ouvrir son cinéma, le Max Linder, au 24 boulevard Poissonnière à Paris. Linder a apporté un soin tout particulier à la décoration et à la qualité technique. Tout a été pensé pour le bien-être des spectateurs, jusqu’aux plus riches qui se voient attribuer un ascenseur pour accéder à leurs loges.

Le démon américain l’ayant repris, Max part fin 1919 pour Hollywood. Ne trouvant pas de producteur américain avec lequel s’entendre. Il finit par créer sa propre société, la Max Linder Productions. Il tourne alors ‘Sept ans de malheur’, dont il est le producteur, l’auteur, le metteur en scène et le principal interprète. ‘Be my wife’, son second film (sorti en 1921), le consacre enfin outremer.

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Un événement va bouleverser son destin : il rencontre Ninette Peters, une jeune fille de 16 ans dont il tombe follement amoureux. Il la demande en mariage à sa mère, qui refuse. Il s’enfuit alors avec l’adolescente à Monte-Carlo. Max risque l’emprisonnement pour détournement de mineure, mais la mère de Ninette donne finalement son assentiment. Le mariage est célébré le 23 août 1923 ; Ninette a 17 ans, Max 40.

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Pourtant la folie l’emporte. Il prépare une autre tentative de suicide comme on entreprend un déménagement, avec le souci que tout soit en ordre pour le grand départ. Le soir de cette tragédie, les époux sortent dîner puis vont au théâtre. Ils sont retrouvés le lendemain dans leur chambre d’hôtel, les veines ouvertes, à un pas de la mort qu’aucune intervention ne peut cette fois empêcher de franchir.

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